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Le syndicat des ingénieurs, cadres et techniciens CGT lance une campagne de lutte contre les violences contre les femmes en milieu professionnel. Lors d’une journée de débats sur « la face cachée du travail », la question a été reconnue comme « un objet syndical ».

Caroline Blanchot a succédé en mars 2023 à Sophie Binet au poste de Secrétaire générale de l'Ugict-CGT.
Caroline Blanchot a succédé en mars 2023 à Sophie Binet au poste de Secrétaire générale de l'Ugict-CGT.
Antoine Thibaudeau

Comment réagir face aux violences sexistes et sexuelles au sein d’une entreprise ou d’une administration ? Quel accompagnement apporter aux éventuelles victimes qui se manifestent auprès des élus du personnel ? Que faut-il retenir des obligations instaurées par une loi trop souvent méconnue ? Le 23 mai, l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT (Ugict-CGT) a lancé une campagne nationale d’information et de sensibilisation auprès de ses élus, pour qu’ils soient mieux outillés face à ces nouveaux questionnements. Une première pour le syndicat, qui se dit de plus en plus sollicité sur ces questions, et au sein duquel les femmes ne cessent de monter en puissance. A la suite de Sophie Binet, qui a pris la tête de la Confédération ouvrière le 31 mars 2023, c’est Caroline Blanchot qui a été élue secrétaire générale de l’Ugict-CGT.

Sensibiliser les entreprises et les administrations

« Nous avons remporté un concours du ministère de l’Egalité entre les femmes et les hommes sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au travail, explique cette conseillère en économie sociale et familiale, cheminote depuis 2002, élue cadre CGT au Comité Social et Economique (CSE) de SNCF-Réseau en 2019. Notre objectif est de diffuser un kit complet auprès de tous nos élus des CSE ».

 

Celui-ci regroupe les outils de la campagne qui « visent à prévenir les comportements sexistes, qu’ils aillent de la remise en question des compétences des femmes ingénieures, cadres ou techniciennes, jusqu’aux violences sexuelles », précisent les documents.

Plus d’une femme « profession intermédiaire » sur 10 dit avoir été témoin de tels agissements en 2022 et près d’une femme cadre sur 5 déclare en avoir été témoin ou victime… Ce matériel intègre chiffres-clés, définitions juridiques et actions à mener et rappelle des articles du Code pénal, du Code du travail ou encore des décisions de justice. Il propose aussi affiches, tracts et rappel des formations proposées sur le sujet, ainsi qu’un générateur d’enquête permettant aux syndicalistes de réaliser un état des lieux. « Ce kit sera déployé dans les entreprises et les administrations, précise Caroline Blanchot. Il s’agit de mieux faire connaître les droits et de mieux détecter les cas de sexisme ou de violences. »

Ces ambiances parfois délétères commencent souvent dès l’enseignement supérieur et découragent de nombreuses jeunes filles de s’engager dans des filières techniques ou des écoles d’ingénieurs.

 

Identifier les facteurs de risque organisationnels

Pour appuyer sa nouvelle initiative, l’Ugict-CGT a organisé, le 16 mai, une journée de débats à Paris, dans le cadre de ses rencontres Options, autour de ces enjeux. De la culture sexiste en entreprise à la place des violences contre les femmes dans le combat syndical, c’est « la face cachée du travail », annonçait le programme de cette journée. Au fil des trois tables rondes, expertes, syndicalistes et représentantes d’associations y ont confronté leurs expériences.

Florence Chappert, de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), a évoqué « les 40 situations identifiées comme facteurs de risques organisationnels ». Par exemple, les « secteurs ayant une répartition sexuée des tâches, comme dans la mode, ou ceux qui exposent leurs salariés à une forte pression, notion qui rejoint souvent le harcèlement ».

La santé, un secteur patriarcal

Nicolas Souveton, vice-président de la Fédération des mutuelles de France, a de son côté pointé « le secteur de la santé, qui reste extrêmement patriarcal ». Caroline de Haas, fondatrice d’Osez le féminisme, mais aussi de la société de conseil et de formation EGAE, a signalé l’intérêt croissant des entreprises pour le sujet depuis dix ans. Brigitte Grésy, l’ancienne présidente du Haut Conseil à l’Egalité, a estimé qu’il faudrait « rendre obligatoire une négociation sur les violences sexistes et sexuelles. »

Lire aussiMoi, Marc Verret, 30 ans, cadre, auditeur chez EY et militant CGT

Concernant des sujets aussi difficiles, il fallait d’abord que le syndicalisme commence à les intégrer dans ses combats pour que le dialogue et la négociation puissent s’engager avec les DRH des entreprises, dont une partie est déjà mobilisée. Fait plutôt rare concernant des événements consacrés aux droits des femmes, les débats du 16 mai se sont déroulés devant une assistance - d’une centaine de personnes - composée d’hommes et de femmes à quasi-parité. Encourageant.

 

 

https://www.challenges.fr/femmes/violences-sexistes-et-sexuelles-la-cgt-des-cadres-s-engage_894017

Tag(s) : #Sexisme
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