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L'association ASC et l'Institut Michel Flandre ont publié un recueil de poème en brail.
Il est en vente au prix de 20 e auprès de l'UFICT-CGT.
En 1825, Louis Braille inventait un système de six points en relief, révolutionnant l’accès à la lecture et à l’autonomie pour les aveugles. À l’occasion du bicentenaire du braille, Daniel Repoux, qui l'enseigne à de jeunes aveugles, relate comment cet alphabet a transformé des vies et pourquoi il reste indispensable à l’ère du numérique.
Seriez-vous la même personne si vous ne pouviez pas lire ? Vous répondrez sûrement par la négative. Pour une personne aveugle ou malvoyante, le constat est le même. Vous comprendrez aisément comment le braille, cet alphabet tactile, a pu tout changer.
Le braille a été inventé par le Français Louis Braille en 1825. On célèbre donc en cette année 2025 le bicentenaire de sa création. "Le braille, depuis son invention, n'a presque pas changé. On est toujours resté sur un système basé sur six points, deux colonnes de trois points, avec lesquelles il y a 63 possibilités et une 64e qui est l'espace, avec une case vide. Donc ça couvre largement l'alphabet, les accents, la ponctuation", détaille Daniel Repoux.
Cet éducateur scolaire spécialisé enseigne le braille depuis 40 ans à l'institut Michel Fandre, à Reims (Marne). À l'occasion du bicentenaire de l'invention du braille, il tient une conférence vendredi 12 septembre à 19 heures au Cellier à Reims, près de l'Hôtel de ville. L'événement est gratuit mais il est possible de s'inscrire en ligne au préalable.
Avant le braille, les aveugles étaient, sauf exception, mendiants ou vagabonds
"Avant le braille et l'écriture en relief, les aveugles étaient privés d'accès à la culture, d'accès à la lecture. Le braille a tout changé, ils se sont mis à pouvoir lire et à pouvoir écrire. Avant 1825, les aveugles étaient, sauf cas exceptionnel quand ils étaient d'un milieu social favorisé, mendiants ou vagabonds. À partir de l'invention du braille, ils sont devenus plus autonomes. L'invention du braille a été vraiment une révolution."
Daniel Repoux a perdu définitivement la vue à l'âge de sept ans. Il a appris à lire en braille et a poursuivi sa scolarité. "J'ai fait des études de littérature, une licence de lettres", retrace-t-il. C'est finalement un peu par hasard qu'il fait son entrée à l'institut Michel Fandre en 1985. Il faut croire que l'expérience lui a plu, car il y enseigne toujours aujourd'hui.
Daniel Repoux insiste : "Le braille n'est pas un langage. C'est un alphabet, un système d'écriture. Un A en braille c'est un A, un B c'est un B. Ça n'a pas du tout de rapport par exemple avec la langue des signes." Ses années d'expérience lui ont permis de constater l'évolution de ses élèves, pour qui le handicap n'a pas réduit les ambitions. "Il y a des élèves, j'étais sûr que c'étaient des enfants intelligents qui avaient une bonne maîtrise de l'outil braille. Je n'ai pas été surpris de leur réussite. J'ai des professeurs de piano, des élèves qui ont passé les instituts régionaux d'administration, des informaticiens, des assistantes sociales."
"Avec l'informatisation, on a pu adapter le matériel"
Il a pu également voir l'informatique prendre davantage de place au fil du temps. "Quand j'ai fait mes études, il n'y avait pas l'informatique. Donc je travaillais avec des enregistrements, mais je travaillais aussi beaucoup en braille. Pour taper mes devoirs pour les professeurs de la faculté, j'utilisais une vieille machine à écrire Remington."
Car pour écrire, un aveugle peut notamment se servir d'un clavier tout à fait classique, une fois bien mémorisé l'emplacement de chaque touche, dont le F et le G repérés en relief. "Avec l'informatisation, on a pu adapter le matériel. On peut maintenant lire le braille sur des plages braille. Donc c'est un ordinateur classique, sur lequel on branche une plage qui met en braille sur une ligne ce qui se passe à l'écran."
Désormais, la synthèse vocale prend une place importante, notamment sur mobile. "Le smartphone vous parle. Quand je reçois un SMS ou un mail, sur mon smartphone, il me parle". Mais pour Daniel Repoux, ce n'est pas toujours suffisant. "Je préfère recevoir un mail que je vais lire sur ma plage braille, parce que je vais tout de suite avoir l'orthographe."
Le braille, toujours indispensable
"L'audio, c'est bon pour prendre connaissance rapidement d'un article ou lire un livre pour la distraction. Mais quand on veut vraiment raisonner, penser, il faut qu'on puisse écrire. C'est essentiel", insiste l'éducateur spécialisé. "Pour écrire et me relire avec l'alphabet et l'orthographe, qu'est-ce que j'ai comme autre solution que de toucher ? Il n'y en a pas."
Lorsqu'on lui demande si le braille n'est pas dépassé, il nous arrête tout de suite. "Il y a une espèce de tendance à penser que le braille c'est vieux. Oui c'est comme l'écriture. C'est très vieux, elle date de la Mésopotamie mais c'est encore ce qui fonctionne."
Ce bicentenaire est donc l'occasion de rappeler l'importance de cette invention française. Outre la conférence prévue vendredi à 19h, le Cellier accueillera samedi 13 septembre dans l'après-midi des ateliers d'écriture et de lecture en braille. Du matériel braille et des livres tactiles seront également exposés. À 19h samedi, une lecture à deux voix de nouvelles et de poèmes sera proposée. Daniel Repoux lira à partir d'un livre imprimé en braille, Pascale Isel lira, elle, à partir d'une plage braille informatique.